BERLIN MAUER
WIR SIND
EIN VOLK
Crise à
Berlin, la guerre froide, le pont aérien, la construction du mur, des souvenirs d'enfance diffus, entendus
à la radio... JFK:
"ich bin ein Berliner"... puis plus tard "les ailes du désir" et "Si loin,si proche" de Wim
Wenders...
L'envie d'y aller
depuis
longtemps...Et enfin à
l'occasion d'une
exposition au Centre Culturel Français de Berlin-Est en
juillet 89, l'envol
pour Berlin...Installation
à l'hôtel et
première visite quasi obligée au mur,
première impression sinistre et
oppressante malgré le soleil, promenade sur l'emplacement de
la Potzdammer
Platz, le long du mur, lieu paradoxalement calme et reposant,
troublé seulement
par le chuintement des vélos passant et repassant entre
Kreutzberg et
Tiergarten, des campements d'Alternatifs, et Check Point Charlie, le Glienicke Brücke, le pont aux
espions,
promenades sans but le long du mur, à travers lequel passent
encore des voies
de tramway rouillées et
désaffectées,... impressions bizarres
à la fois d'une
certaine sécurité ou protection, et d'angoisse,
... premières images,
souvenirs, témoignages plus qu'autre chose. La visite
à l'est avec le passage
de Check Point Charlie, l'attente interminable, le regard inquisiteur
du
douanier allant du visage à la photo et vice-versa pendant
cinq minutes, le
miroir passé sous la voiture… Novembre 89, chute du
mur... et
de nouveau l'envie d'y retourner, de voir, de constater... Avril 90,
deuxième séjour à
Berlin, même hôtel, même promenade au mur
dès l'arrivée... et là tout a
changé:
d'abord un bruit constant de martèlement et de cliquetis, le
mur est toujours
là mais avec des brèches et des dizaines de
personnes, circulant dans le no
man's land, armés de burins et de marteaux, cassant le
béton et cognant de
toutes leurs forces sur le mur,... un vrai travail de fourmi. Tout de
suite une
autre ambiance... Touristes à l'œuvre arrachant
leur souvenir en béton, une
japonaise se faisant tirer le portrait armée d'un marteau,
une américaine BCBG
hystérique tapant sur un morceau de mur, exhalant son
anticommunisme primaire,
un groupe de GI consciencieusement appliqué à un
travail de sape, des turcs
investissant le marché de la toque de fourrure, de la
casquette, de l'insigne,
et du morceau de mur certifié véritable sous
plexiglas, des apparatchiks
goguenards et débonnaires de passage de l'autre
côté et au milieu de toute
cette agitation, quelques soldats de RDA inoccupés mais
encore en uniforme
jouant aux boules...Puis la Porte de
Brandebourg déjà
recouverte d'échafaudages, la Potzdammer Platz, no man's
land encore plus vide,
plus sinistre qu'avant, le mur abattu et remplacé par un
grillage approximatif
et théorique, espace peuplé la nuit de
chiens-loups en liberté aboyant sans
arrêt, la queue aux points de contrôle, la foule
des "Ossies"
reconnaissables à leurs vêtements et leurs sacs
plastiques pleins, des Trabants
pétaradantes et une forte odeur d'huile
brûlée dans les rues... Septembre 91, au
milieu
d'un
voyage en DDR, troisième séjour à
Berlin... le mur se fait plus rare, il faut
chercher ses traces, Checkpoint Charlie a disparu, les postes de
contrôle sont
devenus des points de passage, la Potzdammer Platz refaite à
neuf, ses rues
goudronnées de frais, équipés de feux
rouges, passages piétons et pistes
cyclables, encore sans immeubles... A l'extérieur la nature reprend ses droits, la
végétation en
liberté noie les restes de passages, de chemins de ronde,
une fois le mur
abattu. Les Trabants se font plus rares déjà...Les deux parties de
la
ville se
sont enfin rejointes; il n'y a plus (théoriquement!) ni "Ossies", ni
"Wessies" et trente ans après Berlin redevient Berlin.
Série
en trois parties de 20 photographies 30x40 chacunes:
1989: "Ein Volk, zwei Reiche,
vier Sektoren"
1990: "Wir sind ein
Volk"
1991: "Ein Volk"
Berlin und DDR
carres